Les mots surlignés font l'objet d'une note
1Monseigneur, je fus bien marry l’autre jour que l’on ne porta pas assés
2tost au colonel des Corses le pacquet que je délibéroys vous envoyer par luy.
3Ce matin, j’en ay receu un de vous du XXIe. Si quelques foys
4vous en recevés de monseigneur le mareschal sans des miennes, c’est qu’il vous fait
5des dépesches sur le champ et, lhorsque je suys auprès de luy, que je
6n’ay moyen mectre la main à la plume ; depuis vous en
7devés avoir receu une double ou une terne par lesquelles
8vous aurés sceu le succès de Somières, dont je n’useray de redite,
9non plus que du dépêche que je receu naguères du roy pour aller
10en Suisse. Nous attendons deshormais d’heure à autre le retour
11de monsieur de Lombais. Je suys bien ayse de l’ordre que vous
12avés doné à Valence sans vous arrester au commandement du roy,
13qui seroit bien tard après un inconvénient. Et vous diroyent
14tous jours sa majesté que cela s’entend, sur ce que vous veissiés qu’il en fust de [Bebras], lequel est aujourd’huy presque par tout ces quartiers. Quant
15au discours que le seigneur que scavés vous a fait quatre jours après,
16j’ay monstré à monseigneur le maréchal ce que vous m’en escrivés,
17qu’il m’a bien conté autrement, comme je cuyde que fait aussi
18à vous, mais ceste-cy est du mesme tonneau que
19celle que ledit sieur vous vouloit faire acroire à Valence, que leurs magestés
20l’avoyent recherché et pressé d’accepter la moytié de
21vostre charge, dont je veux faire demain le compte
22à mondit seigneur le marechal, auquel j’ay bien déjà dict qu’il ne faut
23tousjours croire tout ce que nos Daulphinoys disent, et qu’il y en
24a qui scavent aussi bien advancer qu’allieurs. L’autre foys,
25sur ce que vous m’escriviés de cecy mesmes, je luy dis, comme
26j’ay fait encor aujourd’huy, que l’homme dont est question ne commanda
27de sa vie que à un valet, qu’il est mou et nullement à propos ; sur quoy
28il m’a dit : « voilà bien mon cas » ; et que tout ce qui en fust est
29[v] que, estant prié et pressé de luy, il luy dict que, selon la
30responce que luy rapporterait ledit sieur de Lombais, il employrayt
31voluntiers le personage et accorda audit seigneur deux compagnies, l’une pour le capitaine
32Augier, qui est de ce gouvernement, et l’autre pour le sieur de
33Rochefort, pour lesquelz il feist advancer, comme aux
34autres, quelque centaine d’escus qui luy ont esté renvoyés, pour
35n’avoir voulu les susdits lever lesdites compagnies ; et que vous ferait
36tousjours paroir le respect que vous vouloyt porter. Ce soir,
37sur ce que je l’ay resouvenu de vous en vouloir toucher
38un mot, il m’a asseuré vous en avoir escrit, mais
39à toutes adventures, je vous ay bien voulu faire ce
40discours. Le gentilhomme qui vous devoyt aller trouver
41de la part de ceux de la religion demeure beaucoup, attendant
42le temps que monsieur d’Ourche m’en ha escrit. Il y a apparence
43que monseigneur le prince daulphin viendra en son gouvernement
44comme les autres. Mais à peine que ce soit si tost, pour
45les raisons que vous pouvés bien penser. Je vous envoye
46la copie d’une lettre de Beze que l’on fait courir par les mains des
47huguenotz. Sur ce, après mes très humbles recommandations à votre
48bone grâce, je prie le Créateur qu’il vous done,
49Monseigneur, en parfaicte santé, très longue et très heureuse
50vie. De Beaucaire, le XXVIIIIe jour de novembre 1572.
51Votre très humble et très affectionné serviteur.
52Bellievre
53Madame de Gordes et monsieur de
54La Roche verront icy [s’il] leur plait,
55mes semblables recommandations à leur bone
56grâce.
57[197] Enfin, ceux de Nymes sont contens (se disent-ils) d’entrer en conferance
58avec moy. Nous sommes après à l’acheminer. Je scay que c’est fort
59maugré leurs chefs, qui me fait moins espérer, mais puisqu’ils le
60craigne il le fault vouloir, aussi que le roy le désyre, à dire
61entre vous et moy. Dieu leur face la grâce, et à nous, de pouvoir
62faire quelque chose de bon. Pour le moins espérons-nous découvrir leur
63intention et dessaing.